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Poésies Jean-Luc OTT

DEPUIS L'AUTRE SAISON

« Tout autour la neige/ tout est blanc et lourd/ou noir/

dans nulle autre couleur/ il ne fait aussi calme »

Anise KOLTZ Dans « s’adonner au silence »

1.

J’écris pour hier ou pour plus tard

Ici j’enterre l’été

et sa patte desséchée de lièvre

 

On ne perçoit rien depuis la parcelle du présent

ni le voyage ni la réponse ni le feuillage

devenu comme une robe portée

ainsi je ne peux rendre compte de rien

 

L’eau n’écrit rien de durable le sable non plus

dont la mémoire est aussi friable que la tienne

invisible comme le sang

 

Où je ne passe pas l’insecte se faufile

où je ne t’aime pas quelqu’un d’autre demain

de son corps valide saura le faire.

2.

Averse claire en haut de l’escalier

l’été s’en va comme aspiré

Mon corps va à grand pas mais sans autre désir

que de rester là pour résoudre

ce qui n’a plus de secret

 

De rester là fait croire que les choses

sont inertes et les gens immobiles

consentants

 

Mais la vie c’est autre chose

La vie est plus compliquée et autrement plus dure

On croit lire dans les yeux comme dans les nuages

des rêves à sa portée des désirs

qu’on assouvirait sans effort

Mais tu es peut-être ce qu’il y a de plus loin

et je ne l’ai pas su

 

Pour avoir tant d’envergure le grand platane

au tronc pelé respire en profondeur

Moi aussi j’avais ce pouls de géant

que tu n’entendais pas.

3.

Qui entend ce que je dis ?

Comme les rumeurs passives des peupliers

Personne

Chez les morts personne n’est éveillé

chez les morts cela résonne comme dans une grotte

 

La lune est pleine de bière blonde

ce soir les merles de raisins noirs

De sa nature personne ne peut se libérer

 

Le ciel est clair comme un jour de neige

où l’on peut voir le vide en grand et très loin

et en soi le cheval blanc danser

dans les flammes du silence.

4.

 

« Lucian Blaga est muet comme un cygne / Dans son pays

/ la neige des créatures tient lieu de parole. »

L. Blaga

 

Quand le soleil ne vole plus haut dessus nos têtes

les étoiles demandent à descendre

et tu repasses le sentier de nous seuls connu

jusqu’à reconstruire ta silhouette

 

Les grillons de la nuit sans qu’on les voit

font crisser les étoiles

pour moi seul

tu uses de ta parole qui rend invisible

et beau et soulève comme une futaie prise

au feu l’adolescence en moi

 

Sur les parois humides des grottes

des animaux inconnus jusqu’alors

animent l’insomnieux bonheur

Nul écho - l’été ne dure pas

Le chant des champs fauchés s’est muré

dans les mottes grises tout en-dedans de nous.

5.

Qui me corrigerait ?

Qui mettrait des ponctuations là où rien ne respire

et apporterait le souffle en réponse 

la contradiction ?

 

Qui a su penser à travers mes pensées ?

 

Je décide seul de mon destin

que je ne partage pas

Pour ne blesser personne j’étouffe dans l’inachevé

car l’amour n’ira pas plus loin

 

C’est l’odeur du figuier qui domine

quand le soleil pointe ses doigts de fer

Le village a vécu ici pour que la pierraille

dure longtemps et que suinte des murs

l’odeur tenace du figuier.

6.

Tout ce temps tu as dormi en me tournant le dos

Mais la vie n’est pas tarie en toi

elle tourbillonne encore comme une feuille jaune

Partout en toi la forêt veut entrer

dans l’arrogance de ton sommeil

 

L’été n’a plus de geste la jeunesse a subi

la langue des chants magiques

Elle tourbillonne encore comme une eau

s’évacue en étincelant sur elle-même

dans la cacophonie du monde

 

Si vaste sera le lit sous la terre

que tu en demeures perdu.

7.

Tu ne connais pas ma langue

et je ne reconnais plus ton visage

Je n’ai pas choisi l’armada

des mots partis à ta conquête

 

Le bois des murs craque

les coutures du monde cèdent

sous les poussées humaines

Pendues aux arbres secs comme de gris kapokiers

les langues amères les indélicatesses

 

Je suis là par le plus grand des hasards

sur le chemin qui ne fait que te croiser

et je calcule que peut-être...

 

Brève est la lumière du jour qui s’arrête

longtemps dans ma mémoire.

8.

L’été a des soubresauts tantôt il descend

la barre du froid et réveille des frissons enfouis

sous le derme

La bruine dit que le temps passe

 

La Russie ne se réveille jamais tout à fait de ses fables

elle traîne ses grandeurs de plaines en plaines

jusqu’aux portes des mers

 

Mes endroits privilégiés sont des certitudes

qui ne sont pas unanimement partagées

 

Je peux descendre bas et monter très haut

dans le bonheur car je vis

Il n’y a pas d’autre abri dans l’existence

 

Quand je me serre contre toi je crois

que le temps s’arrête mais il s’échappe encore

comme la lumière fuyante comme ma foi

au regard de l’été.

9.

On ne me demande rien puisque je n’ai rien à offrir

puisque je ne vois pas plus

que ce qui est visible à tout un chacun

et brouille les pensées

la rouille sur les épaules des arbres les carcasses

qui flottent les foulards plus nombreux

sur la tête des femmes

 

La course se fait lente et lente aussi

la traversée des îles au bruit poussif d’un moteur

L’effort s’essouffle et s’essouffle la volonté

de vivre ensemble

quelque chose ne prend plus

 

« Toute chose trouve sa fin » * et peut-être

que le monde s’émonde ou se purge de notre liberté

 

Je ne suis plus un printemps ni même un été

dans ta main mais je cherche encore en toi

la chaleur qui m’est promise.

 

*Pentti HOLAPPA

10.

La branche frappe aussi contre la vitre

la nuit quand on ne la voit pas

à toi je suis dans l’instant qui dure

peut-être l’aube entière

 

Tu trembles depuis ce jour

sans que mes bras jamais ni par effraction

ni par consentement ne te secourent

 

Comment feraient-ils ?

Puisque tu glisses hors du temps

entre les balises rougies de la tempête

 

Tant que j’existe laisse-moi penser

que tu m’appartiens

l’aube entière.

11.

Admettre que les mots ne portent pas

que la jeunesse est irrémédiablement perdue

et perdue aussi l’âme des morts

c’est lucide

 

Je ne voudrai pas empiéter sur ta mémoire

incorruptible pourtant y dort ta voix

d’averse et mon été paisible et chaud

comme la peau déserte d’un lézard

 

S’il fallait grandir j’ai grandi

Il fallait son lot de chagrin et j’ai pleuré

tout mon soul pour ne plus devoir le faire

Alors ?

Alors ?

À l’intérieur des vieux murs

dans l’immobilité des choses

septembre est venu.

12.

Le temps s’allonge puis se rétracte l’hiver

corrupteur coupe des scènes en rallonge d’autres

il sentait l’herbe mouillée la pomme acide

qui met du sang frais dans le talus

Parle t-il d’un passé qui fermente

d’un présent changeant léger à dire

ou des imaginations d’au-delà qu’on ne partagerait pas ?

 

J’allais où tu n’iras jamais ou plutôt

tu allais où je ne te suivais pas

avec tes pattes puissantes de taupes

ouvrant des puits d’air à chaque pas

 

Je voyais l’été partir dans ses plumes claires

sans rien dire de ce qu’il dira toujours

au visage des autres.

13.

 

Je suis près de voir au fond de toi

comme dans l’eau transparente

 

Je vois la chose donnée et la chose reprise

la bataille que fait le corps dans sa formation

et la forme acquise

pour qu’un automne arrive

il faut que l’été s’en aille

 

L’été aux parois aveuglantes

jaunes comme les lignes du désert

où viennent se perdre

les lenteurs du chameau

 

De si près de si loin

je suis près de voir au fond de toi

comme dans l’eau.

14.

Les mots s’embourbent dans le bestiaire

millénaire des parois rocheuses

Comme tout être chaud ils ont besoin

de s’adresser à quelqu’un de semblable

pour qu’il se montre sensible

 

Alors je t’interroge sous la forme animale

la plus pure entre les pans de murs vertigineux

et la trouée imprécise du vent où mon temps

n’est pas moindre mais comme engouffré

 

L’air est si chargé d’eau

qu’il aspire l’aube impénétrable

et mauve celle de toujours

si indifférente à nous.

15.

Impossible de me distraire

je ne pense à rien d’autre

 

Pour quelle vérité ?

Pour l’innombrable ou pour moi-même ?

La nuit éperdue viendra se glisser

entre nous comme une chatte frileuse

la longue nuit où la vérité n’importe plus

où ne compte plus que la réalité frileuse

 

L’herbe d’automne a cette odeur de mensonge

qui obsède qui arrive on ne sait quand

 

La flottille des sortilèges m’a suivi

avec ses petits fanions d’une même couleur

jusqu’au pied du lit

 

Là il y aurait tant de choses à dire

qu’une nouvelle nichée de temps

ne suffirait pas.

16.

Je suis ta parole toi qui n’as pas de mots

qui n’a pas pour moi de matière

incandescente

 

Je me charge de l’été et la chaleur

de ma parole suffit à mettre de la lumière

sur ta bouche vivante où notre monde survit

 

La charge est légère

puisque la lumière qui illumine le champ

le verger et l’étang jusque dans les eaux

profondes ne pèse rien

 

et fait ton corps beau comme les algues

en mouvement

La charge est légère

puisque l’été ne pèse rien

sur ta bouche vivante

qui chante l’obstinée des chevaux

dans la fugue du temps.

17.

À toi qui fais naître drus les premiers pas

de l’été et son fruit blond

À toi toute chose qui fait greffe

 

Je vois les battoirs du grand figuier qui sentent

la divine sève et la caresse la plus triste

J’incline la tête dans le sens de ton regard

mais tu ne comprends pas le langage des signes

 

Qu’on brûle ou non pas question de survivre

l’été craque au soleil

Un canard flotte avant de couler à pic

par le bec sur l’étang plat comme un songe

 

La rigueur de l’été n’est pas ce que tu penses

On croit les instants longs et précis

comme des instantanés mais ils sont

plus brefs que l’ombre à midi.

18.

Les peupliers sont montés très haut

dans la lumière et sont restés semblables

Nous d’alors ne sommes plus les mêmes

 

Une fois le rêve éteint comme je l’ai cru

oh pas tout à fait mais les années aidant

et toute cette mousse sur la frontière

que tu n’as jamais franchie

Je reste en-deçà du temps et toi

insaisissable dans les airs sans pouvoir te dévêtir

de ta crainte je ne voudrais pas être ailleurs

 

La mémoire nous ne la partageons pas

ni la nappe cirée ni le pain rond

ni sur la table le couteau démanché

Ce que nous partageons ne se compte pas

 

Tu ne peux franchir la frontière sans me prévenir

car j’ai gardé au fond de moi les papiers rares

qui disent que tu n’étais pas tout ce vide

qui est là.

19.

Ici mes paroles sont vraies

La courbe fait saillir la dentelure jeune

et frêle et douce du dos des collines

sans apporter le moindre réconfort

 

Tu te penches ainsi mais c’était il y a longtemps

avant que naisse la nostalgie

avant qu’intervienne la mémoire

dans le processus de réconfort

 

Ceci est ma rivière et son eau est accessible

si elle coule vers toi dans ce degré de pente

c’est pour verser le limon des souvenirs le sable

qui s’incruste entre les doigts de tes pieds

pour que tu te courbes tel un saule

 

Entre les collines au loin et ici

le temps se languit comme un automne.

20.

Ne fais pas comme si tu ne savais pas

La mer monte des plantes s’asphyxient

le sel de ta voix assèche l’herbage de la peau

la rend impropre à l’écriture à la joie

 

Et c’est toi toujours qui ne veux pas

te partager entre hier et aujourd’hui

Entre les pierres l’eau s’écoule

avec le mouvement de la vie

 

J’entends le bruit des vaguelettes

peupler le silence d’aujourd’hui

Un vent tournant agite l’herbe le feu prend

l’arbre mais c’est de rougissement

car « Rien ne s’éteint à l’automne »*

 

L’automne n’est rien sans l’illusion

du souvenir il s’illumine d’une autre lumière

où tout est métamorphose et délicate fête

 

l’extinction elle est ailleurs là où tu ne regardes pas

là où tu feins l’innocence par tes pensées.

 

* Javier LENTINI

21.

La pluie est créée pour arroser la terre

la noyer quand il faut

 

Mon âme ne prend pas la pluie

elle flotte arrogante comme le relief

errant de ce dos qui se détourne

jusqu’à ce que c’en soit fini

 

Ce qui ne se ferme pas reste ouvert

au déluge à la vague murmurante

qui cherche un monde

Inventer la langue universelle

qui érodera ta chair

la polira aux lueurs de l’aube

 

Par où recommencer ?

 

Les mots me viennent sans qu’on les appelle

sans patience aucune comme dans un jardin

les enfants encore à naître.

22.

De l’été qui est infini comme j’eusse aimé

être la chaleur qui lentement te couvre

et te découvre

 

À peine se soucie t-on de qui l’on est

À peine du monde qui nous entoure

 

Au jour de la connaissance j’ai vidé mon corps

du sang invisible qui tellement doute

Ivres de soleil comme un fruit gorgé de sucre

ni toi ni moi n’étions préparés à cela

 

Et c’est comme si déjà brûlaient les feuilles

de l’automne comme si la terre s’ouvrait

pour nous prendre dans sa bouche

qui enfante.

23.

Viens donne-moi l’enfant chimérique l’enfant

de l’été pour qu’il marche à mes côtés

dans la désespérance du monde

 

J’ai dans les mains le temps des glaciers qui s’use

qui doit sombrer pour que l’eau monte et

submerge la terre

 

Que dois-je faire pour le retenir

puisqu’il n’est pas encore l’heure ?

 

La vie est courte ici

À peine est-on émerveillé

À peine est-on parti à ta recherche

avec nos pas de certitude

À peine se rencontre t-on que tombe la nuit

comme une averse grise et luisante

aux heures énervées collantes comme les mouches

sur les yeux ouverts.

24.

Un bruit de feuilles sèches sous la rafale du vent

voilà ce qui reste de l’été

Tu peux bien croire ce que tu veux

On dirait qu’on ramasse les débris

de la puissance de feu

 

Demain nous ne respirerons plus l’odeur

chaude des sens en éveil

l’aigrelet désir qui donne tant à la vie

 

J’ai tenté de mettre des mots sur ces choses

qui n’ont d’importance pour personne

et voilà qu’on trouve partout des formules

toutes faites qui s’emboîtent parfaitement

aimablement

 

Je n’ai pas inventé la parole mais ma fable

s’impose à moi comme le nord au sud

ni le pardon dont tu ne sais rien ou n’as que faire

 

Les heures passent c’est la fin de l’été pour moi

et les déserts rampent jusqu’à nous

Demain je pourrais crier avec les loups

que ça ne changerait rien.

25.

Au commencement rien n’était possible

nous six attablés dont il ne reste aucune parole

et je devine qui je suis

 

Le passé a la dureté des pierres

qui lacèrent les cours d’eau

Quand la parole naît le noyau éclate

comme pour un ébranlement et l’eau

brille en coulant plus claire qu’en rêve

 

Je n’ai pas été chassé jamais

c’est pourquoi mes organes sont chauds

comme d’épaisses mains paysannes

« si seulement mes forces ne s’étaient pas évanouies »*

ces mêmes mains porteraient mes mille désirs

comme une azalée blanche que jamais on ne vit

sur le pas de ta porte pointée

du froid sceptre du temps

 

* Else Lasker-Schüler « mes merveilles »

26.

Penseras-tu à l’été lorsque tombe la neige

depuis les pontons lointains ?

Elle est noire à ma fenêtre et scintille

voluptueuse comme erre la nuit

 

Sur ta tempe un murmure frise comme fait

le vent sur la surface quiète de l’eau

et dans la nuit alors que tu m’échappes

je crois l’entendre rendre l’instant plus pur

 

Mais dans cette prière qui n’en est pas une

je me dis que tu ne cherches pas dieu dans cela

mais seulement la joie qui te manque

celle qui descend en billes de soie blanche

pour réconcilier les mondes

qui ne se parlent pas.

27.

Au regard de tous les étoiles sont faites de nuit

et éteintes et muettes

Elles clignotent comme des signes envoyés

dans leur langue

Parfois quand nous ne sommeillons pas

et quand le ciel est dans la configuration

de l’hiver rien n’est plus apaisant

entre ciel et terre que ce langage

puisant à l’éternité

 

Je te laisse répandre le silence

sur toute la surface de l’hiver

 

Je prépare mon univers à l’éternité

À la force et à l’audace je me plie

comme le vulnérable

La force a raison de tout comment

pourrait-il en être autrement ?

 

Comme nous nous parlerons

nous saurons nous comprendre

nul besoin de paix nul besoin de guerre

et sa cohorte de puissance

 

Comme ces plantes en osmose

dans la cime des arbres très haut

nous nous nourrirons l’un l’autre.

28.

Sur tes lèvres ensommeillées et blanches

le moût de la parole est aigri

 

Rien n’embellit plus le monde

les tréteaux sont pliés les pluies se font abondantes

et soulèvent les miasmes bleues du repentir

L’aile décrochée de l’oiseau fait des ronds

dans mon âme

comme si j’attendais encore quelque chose de toi

Mais ton impuissance est égale à la mienne

Le temps des actes de volonté est révolu

 

Nous nous cacherons où se cache la vie

dans les crevasses les plus profondes

 

Et si nous nous parlons encore

nous ne devrons pas mourir.

29.

Il repose sur mes épaules

comme un baluchon en équilibre

comme le silence des matins d’hiver

quand la neige est descendue suspendre

le temps pour moi et que mes épaules

se ramifient tel le murmure

sans fin des feuilles envolées

 

Je berce ce qui va dormir

sans l’inquiétude des lendemains

Ici nul besoin de purger le mal des hommes

il est absent comme sont absents les yeux

de Caïn qui font mourir

comme est absente la parole désordonnée

la grêle qui décapite les fleurs

 

Je berce ce qui va dormir

et mon chant est un souffle

qui perpétue l’équilibre

jusqu’au-delà du sommeil

30.

Le ciel est vide ce soir comme des yeux

sans étoile

 

Je tourne autour de notre jeunesse

comme l’âme du vent autour de la feuille qui résiste

Je ne veux pas qu’on l’oublie

Je veux que la lumière monte à elle

avec la vitesse et l’agilité de mon désir

 

Que deviendra le monde lorsque dans l’eau

dans le feu dans la mort nous serons jetés ?

 

L’immensité nous portera comme la nuit porte

nos rêves là où tout s’éteint là où la lumière

devient particule noire pour l’éternité

 

Mais la nuit se rappelle de tout elle est dense

et pleine de nous comme une mère bienheureuse.

31.

Bogoroditse Devo elle ne peut pas

être victorieuse elle ne le doit pas

 

Les étoiles dans le ciel ont de longues

portées meurtrières

Aucune clameur ne monte de là-bas

à chaque attaque massive le temps s’y arrête

pour fureter après y aura-t-il un après ?

 

Bogoroditse Devo

Déraisonnablement je me suis mis à chanter

pour conjurer lassitude et lâchetés

Les jours d’hiver sont rudes

 

Réjouis toi Vierge mère

Omniprésente est la peur

et dur le regard des êtres

Qui peut savoir de quoi demain sera fait

 

Je n’ai plus ni père ni mère et pourtant

dans cette terre endurante mille fois retournée

dans cette terre amère où je frappe la laine

des manteaux vides c’est ici chez moi

que je vis ma haine.

Jean-luc ott

Strasbourg, 2024

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